Quand Santorin réécrit l’histoire : l’éruption minoenne plus ancienne qu’on ne le pensait

Crédits image : Archéo Actus.

Une étude récemment parue dans la revue PLOS ONE remet en question l’un des repères chronologiques les plus fondamentaux de l’histoire méditerranéenne : l’éruption minoenne de Thera (aujourd’hui Santorin) aurait eu lieu avant le règne du pharaon Ahmôsis Ier, et non durant celui-ci comme on le croyait depuis des décennies. Cette découverte impose une révision profonde de la chronologie de l’âge du Bronze, jusque-là étroitement liée à la succession des dynasties égyptiennes.

L’éruption de Thera, pivot chronologique de l’Antiquité méditerranéenne

Jusqu’à présent, la violente éruption du volcan de Thera était associée à la XVIIIe dynastie égyptienne, autour de 1500 av. J.-C.. Ce cataclysme, qui dévasta le site minoen d’Akrotiri, les îles voisines et les côtes crétoises, servait de jalon essentiel pour harmoniser les chronologies égéenne, anatolienne et égyptienne. Les tremblements de terre et tsunamis qui suivirent avaient profondément marqué l’histoire environnementale et culturelle de la région.

De nouveaux indices venus d’Égypte

Les chercheurs ont réexaminé des artefacts issus de la fin de la XVIIe dynastie et du début de la XVIIIe, parmi lesquels :

  • une brique d’argile portant le cartouche royal d’Ahmôsis, découverte à Abydos ;

  • un linge funéraire attribué à la reine Satdjehouty ;

  • plusieurs statuettes en bois provenant de Thèbes.

Les matières organiques associées à ces objets ont été soumises à une datation au carbone 14, comparée aux données isotopiques déjà établies pour l’éruption de Thera.

Une chronologie renversée

Les résultats montrent une discordance nette : les âges radiocarbone de l’éruption sont plus anciens que ceux des objets égyptiens. Cela signifie que la catastrophe de Thera s’est produite avant le début de la XVIIIe dynastie, c’est-à-dire durant la Deuxième Période intermédiaire, et non au début du Nouvel Empire.

Cette révision repousse donc la chronologie traditionnelle d’une ou deux générations et invite à repenser l’articulation entre les civilisations égéenne et nilotique à la charnière du deuxième millénaire avant notre ère.

Fin d’un mythe : la « stèle de la tempête » n’évoquait pas Thera

Les auteurs de l’étude soulignent également que la célèbre stèle de la tempête d’Ahmôsis, érigée à Karnak, ne saurait plus être associée à l’éruption de Santorin. Le texte, décrivant des pluies diluviennes inhabituelles à Thèbes, ne peut en effet être relié à un phénomène méditerranéen :

« Les orages mentionnés dans la stèle ne peuvent provenir d’un événement cyclonique lié à Thera. Les rares pluies observées dans la région thébaine sont d’origine atmosphérique locale, liées au sillon de la mer Rouge, et non à la Méditerranée. »

Ainsi, ce monument témoignerait d’un épisode climatique exceptionnel, mais indépendant de l’éruption minoenne.

Une nouvelle ère pour la datation du monde antique

Ces conclusions appellent à une réévaluation globale des chronologies du Proche-Orient ancien, car le repère temporel de Thera servait jusqu’ici de point d’ancrage pour de nombreuses civilisations. Ce déplacement de datation pourrait influencer la compréhension des échanges culturels, économiques et technologiques entre la Crète minoenne, l’Égypte et le Levant.

Sources : PLOS

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