Le crâne de Pétralona : un témoin humain vieux de près de 300 000 ans

Le crâne de Pétralona. Musée archéologique de Thessalonique.

Une découverte qui défie le temps

Depuis sa mise au jour en 1960 dans la grotte de Pétralona, en Chalcidique (Grèce), un crâne fossile fascine et divise la communauté scientifique. Ni tout à fait Néandertalien, ni pleinement Homo sapiens, ce vestige humain semble appartenir à une lignée distincte, plus ancienne et plus énigmatique. Longtemps, sa datation a oscillé entre 170 000 et 700 000 ans, laissant planer un voile d’incertitude sur son rôle dans l’évolution européenne.

Les secrets de la datation par séries de l’uranium

Une équipe internationale, dirigée par l’Institut de Paléontologie Humaine, a récemment appliqué une méthode de datation plus précise : les séries de l’uranium.
Ce procédé repose sur la désintégration radioactive : l’uranium se transforme progressivement en thorium selon une demi-vie mesurable. En analysant le rapport isotopique entre uranium et thorium, il devient possible de déterminer le moment où la cristallisation des dépôts minéraux a commencé.

Dans un environnement souterrain, ce mécanisme se révèle particulièrement fiable. L’eau infiltrée dans la grotte transporte des minéraux solubles, dont l’uranium, qui se dépose en couches calcitiques sur les parois et les fossiles. Ces dépôts constituent alors un véritable « horloge minérale » scellant dans le temps les témoins de vie ancienne.

Ce spéléothème est recouvert de couches plus récentes, dont la plus jeune est datée de **228 ± 1 ka (PE05a)**, contemporaine du **stade isotopique marin 7 (MIS 7)**. Crédit : *Journal of Human Evolution* (2025). DOI : 10.1016/j.jhevol.2025.103732

Résultats : un âge minimal de 286 000 ans

L’étude a porté sur les concrétions calcitiques recouvrant directement le crâne ainsi que sur différents spéléothèmes de la grotte.
Les mesures indiquent que le dépôt de calcite qui recouvre le fossile date d’au moins 286 000 ± 9 000 ans. Cette valeur représente un âge minimal : le crâne pourrait avoir reposé dans la cavité bien avant le début de cette cristallisation.

Les autres couches minérales de la grotte confirment une occupation beaucoup plus ancienne de la cavité, certaines atteignant plus de 650 000 ans. Le crâne de Pétralona s’inscrirait donc dans une chronologie allant de 539 000 à 277 000 ans, selon les scénarios envisagés.

Un ancêtre distinct des Néandertaliens

Au-delà de la simple datation, l’étude suggère que ce fossile représente un groupe humain archaïque, parallèle à la lignée néandertalienne. Cette coexistence de populations différentes durant le Pléistocène moyen européen éclaire d’un jour nouveau les trajectoires évolutives de notre continent.

Ainsi, le crâne de Pétralona ne serait pas seulement une curiosité paléoanthropologique, mais un témoin de la diversité humaine ancienne, un fragment oublié de notre histoire biologique.

Sources : sciencedirect

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