Le Visage du Passé : Une Sculpture Médiévale Réapparaît dans un Lac Polonais

Crédit image : PAP

Une trouvaille saisissante dans les profondeurs du lac Lednica

Dans les eaux silencieuses du lac Lednica, niché entre les villes de Poznań et Gniezno, une équipe d’archéologues de l’Université Nicolas Copernic a mis au jour un vestige rare et chargé d’histoire : une poutre de chêne sculptée, portant les traits énigmatiques d’un visage humain. Ce fragment de bois, conservé par l’eau pendant plus d’un millénaire, serait daté aux alentours de l’an 967, période correspondant au haut Moyen Âge.

Un élément défensif devenu témoin du passé

Selon les spécialistes, cette poutre faisait partie intégrante des fortifications d’un gród — une forteresse médiévale — édifiée sur l’île centrale d’Ostrów Lednicki. Cette île, chargée de mémoire, aurait été le cœur du pouvoir de la dynastie fondatrice de la Pologne, la maison des Piast.

Des fouilles antérieures sur l’île avaient déjà révélé les ruines d’un palais (palatium), d’une chapelle attenante, d’une église, ainsi que les vestiges d’une importante garnison militaire. Ces découvertes soulignent l’importance stratégique et politique d’Ostrów Lednicki à l’aube de la naissance de l’État polonais.

Une île au carrefour du sacré et du pouvoir

Ostrów Lednicki est également considérée comme le lieu présumé du Baptême de la Pologne. C’est ici, en 966, que Mieszko Ier, premier souverain de la Civitas Schinesghe — entité préfigurant l’État polonais — aurait embrassé le christianisme, amorçant ainsi une nouvelle ère pour le peuple polan.

Ostrów Lednicki – Crédit image : Konarski – CC BY-SA 4.0

Un regard de bois tourné vers le lac

La poutre en question semble avoir servi de pièce d’assemblage pour relier les pans de la muraille. Mais ce qui fascine le plus les chercheurs, c’est le visage gravé dans le bois, tourné vers l’étendue d’eau. Ce détail suggère un rôle plus qu’architectural : peut-être une fonction rituelle ou symbolique.

La représentation humaine, dirigée vers le lac, pourrait avoir incarné une entité protectrice, une sorte de génie tutélaire veillant sur le fort depuis les profondeurs aquatiques. Si des sculptures similaires ont été identifiées à Wolin, elles demeurent d’une rareté extrême dans le monde slave médiéval.

Une première dans l’archéologie médiévale d’Europe centrale

Konrad Lewek, membre du Centre d’archéologie sous-marine, a souligné le caractère exceptionnel de cette découverte. C’est, selon lui, la première sculpture anthropomorphe de cette époque mise au jour dans cette région du continent.

Ce fragment de bois, modeste en apparence, redonne chair à un passé encore mystérieux, entre spiritualité, politique et défense militaire.

Sources : naukawpolsce.pl/

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