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Une collection d’images des tunnels souterrains de Derinkuyu. Crédit : Sezin Nas |
Une mémoire sonore sous terre
Qui n’a jamais arpenté les vestiges silencieux d’une ville disparue en s’interrogeant sur les bruits qui l’animaient autrefois ? Cette interrogation a été le point de départ du travail de Sezin Nas, chercheuse en architecture intérieure et en acoustique à l’Université Galata d’Istanbul. Son regard s’est porté sur Derinkuyu, ville troglodytique du centre de la Turquie, un prodige d’ingéniosité humaine creusé dans les entrailles de la terre.
Derinkuyu : forteresse souterraine et refuge d’ingéniosité
À l’abri sous la région volcanique de Cappadoce, Derinkuyu fut conçue pour résister aux assauts, affronter les rigueurs climatiques et conserver les denrées vitales. À son apogée, cette ville invisible pouvait accueillir jusqu’à 20 000 âmes, réparties sur sept strates entrelacées, alimentées par quatre grandes cheminées de ventilation et plus de 50 000 conduits secondaires.
Mais au-delà de ses prouesses architecturales, c’est l’univers sonore de cette cité disparue qui intrigue Nas. Selon elle, « il existe un vide manifeste dans les recherches portant sur l’environnement acoustique et le paysage sonore des cités souterraines. En étudiant Derinkuyu, j’ai voulu contribuer à la sauvegarde du patrimoine immatériel tout en offrant une base pour la conception de futurs espaces urbains souterrains. »
Une architecture qui parle et respire
À Derinkuyu, la ventilation ne se contente pas d’aérer : elle communique. Les dispositifs architecturaux servaient à la fois de canaux d’air et de conduits sonores, élément qui confère à la ville une complexité acoustique rare. Cette multifonctionnalité, reflet d’un savoir-faire ancestral, façonne en profondeur le paysage sonore du lieu.
Pour ressusciter ces ambiances oubliées, Nas a combiné l’étude historique à l’analyse architecturale, s’attardant sur trois types d’espaces emblématiques : un sanctuaire, une zone d’habitation et une cuisine. Elle a pris en compte la fonction de chaque pièce, les sources sonores probables, mais aussi les caractéristiques de réverbération, afin de générer une modélisation sonore en trois dimensions. Cette reconstitution immersive permettra, à terme, d’écouter Derinkuyu comme on explorerait une fresque sonore.
L’écoute comme outil d’histoire
Cette recherche, que Nas présentera le 21 mai lors du 188e Congrès de la Société Acoustique d’Amérique couplé au 25e Congrès International d’Acoustique, réinterroge la manière dont nous abordons le passé. Elle déclare : « Derinkuyu est un environnement intérieur à l’échelle d’une ville, ce qui la distingue fondamentalement des paysages sonores urbains de surface. »
Plonger dans cet univers acoustique, c’est percevoir les dynamiques sociales, les interactions quotidiennes et les modalités de cohabitation d’une communauté vivant sous terre. Au-delà du témoignage historique, ce travail ouvre des perspectives inédites pour l’aménagement d’espaces souterrains contemporains.
Vers une archéologie sonore
Sezin Nas espère que les paysages sonores deviendront, dans l’avenir, des instruments méthodologiques à part entière dans l’étude du patrimoine. « Le son, trop souvent relégué au second plan, constitue une mémoire sensorielle essentielle de l’humanité », conclut-elle.
Sources : Acoustical Society of America
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