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Crédit image : Pixabay / Domaine public (CC0) |
Les Routes Invisibles de l’Obsidienne : Réseaux d’échanges et centralisation religieuse chez les Mexicas
Une équipe de chercheurs de l’Université Tulane, en collaboration avec le Proyecto Templo Mayor de l’Institut National d’Anthropologie et d’Histoire (INAH) du Mexique, a mis en lumière les mécanismes complexes de circulation de l’obsidienne dans l’espace mésoaméricain précolombien. À travers l’étude de près de 800 artefacts exhumés du cœur cérémoniel de Tenochtitlan – l’actuelle Mexico – cette enquête révèle comment cette pierre volcanique, précieuse autant pour son tranchant que pour sa symbolique, était intégrée dans les dynamiques commerciales, rituelles et politiques de l’Empire mexica.
Une pierre, mille origines : cartographie d’un commerce à longue distance
L’obsidienne, verre volcanique aux reflets parfois verdoyants, fut au centre d’un vaste système d’approvisionnement. Si la variété provenant de la Sierra de Pachuca prédomine nettement – représentant près de 90 % des objets analysés – l’étude démontre que la capitale impériale recevait également des quantités significatives d’obsidienne provenant d’au moins sept autres gisements, parfois situés bien au-delà des frontières contrôlées par les Mexicas. On y retrouve notamment des matériaux issus d’Ucareo, au sein du territoire purépecha, un peuple souvent en conflit avec les Mexicas.
Ce maillage d’échanges témoigne d’une économie raffinée, fondée autant sur la conquête militaire que sur des réseaux commerciaux sophistiqués, capables de maintenir des flux même avec des entités politiques adverses.
Objets rituels et usage quotidien : une hiérarchie matérielle
Les artefacts retrouvés dans les offrandes rituelles – miniatures d’armes, bijoux, éléments d’ornementation sculpturale – étaient presque exclusivement façonnés dans l’obsidienne verte de Pachuca. Cette matière, associée à la ville mythique de Tollan, semble avoir revêtu une fonction sacrée et normative dans les pratiques religieuses.
À l’inverse, les fragments issus de sources secondaires comme Otumba, Tulancingo, ou El Paraíso, apparaissent principalement dans des contextes utilitaires : outils, déchets de taille, remplissage architectural. Cela suggère que ces matériaux étaient largement accessibles par le biais de marchés locaux, en dehors du contrôle direct des élites impériales.
Standardisation religieuse et centralisation du pouvoir
L’analyse diachronique révèle une transformation notable dans les pratiques matérielles : aux débuts de Tenochtitlan (vers 1375), l’obsidienne rituelle provenait de sources variées. Mais à mesure que l’Empire s’étend et affirme son autorité – notamment après 1430 – une homogénéisation s’installe. Le rituel devient de plus en plus codifié, la matière sacrée se restreint à une origine unique, traduisant une centralisation croissante du pouvoir politico-religieux.
L’archéoscience au service de la mémoire collective
Cette étude repose sur l’analyse par fluorescence X portable (pXRF), une technique non destructive permettant d’identifier la signature géochimique de chaque pièce. Elle illustre la puissance des sciences archéologiques pour retracer non seulement les itinéraires commerciaux, mais aussi les mutations idéologiques d’un empire en expansion.
Comme le souligne le professeur Jason Nesbitt, co-auteur de l’étude : « Ces objets silencieux deviennent, grâce à la technologie, les témoins d’un monde disparu, révélant l’étendue du génie organisationnel et symbolique des Mexicas. »
Sources : tulane.edu#ArchéologieMésoaméricaine #EmpireMexica #ObsidienneSacrée #Tenochtitlan #TemploMayor #HistoirePrécolombienne #RituelsAncestraux #TulaneUniversity #SciencesDuPassé #INAH #Archéoscience #MexiqueAncien #ObsidienneVerte #CommerceAntique #ArtefactsSacrés
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