- Obtenir le lien
- X
- Autres applications
- Obtenir le lien
- X
- Autres applications
📚 Recevez GRATUITEMENT
« La Guerre des Gaules illustrée »
en vous abonnant à la newsletter
![]() |
| Reconstitution artistique du gobelet de ˁAin Samiya (Luwian Studies n°5053). Crédit : Journal of the Ancient Near Eastern Society « Ex Oriente Lux » (2025). DOI : 10.5281/zenodo.17594729 |
Mis au jour il y a plus d’un demi-siècle dans une tombe des collines judéennes, un petit gobelet d’argent d’à peine huit centimètres—unique témoignage artistique de l’âge du Bronze intermédiaire dans le Levant—continue de défier l’interprétation des spécialistes. Longtemps, on a cru que ses scènes gravées évoquaient une version primitive de la cosmogonie babylonienne. Une analyse récente propose une lecture tout à fait différente.
Un récit sculpté en deux actes
La paroi du vase, partiellement endommagée, présente deux tableaux successifs.
Dans le premier, une créature hybride—mi-humaine, mi-bovine—tend des fragments végétaux. Sous son torse bifurquent deux paires de pattes de taureau, tandis qu’une rosette, minuscule, à tonalité céleste, s’inscrit entre ces membres. À ses côtés, un serpent monumental se dresse, souverain et vibrant d’autorité.
La scène suivante renverse l’équilibre : deux figures humaines soutiennent une large courbe en forme de croissant, dans laquelle repose un disque solaire doté d’un visage rayonnant. Le serpent, jadis vertical et dominant, gît désormais allongé, comme apprivoisé par l’ordre nouveau.
De la fureur mythique à l’harmonie cosmique
Contrairement à une lecture ancienne qui y voyait un affrontement primordial rappelant les récits violents de certaines épopées mésopotamiennes, rien dans ces images n’évoque la bataille ou la déchirure d’un monstre archaïque. Les chercheurs qui examinent aujourd’hui l’objet proposent une vision plus subtile : celle du passage d’un univers informe vers une structuration paisible du cosmos.
Dans cette interprétation, la minuscule rosette de la première scène révélerait la « naissance » du soleil. Dans la seconde, devenu visage rayonnant, il occuperait pleinement son rôle d’astre ordonnateur. Les divinités, elles, conservent leur taille—symbole d’éternité—mais changent d’apparence, se parant vêtements et ornements, comme si la civilisation et le temps prenaient forme autour d’elles. Même le serpent, autrefois redressé, semble courber l’échine sous l’effet du progrès cosmique.
Un langage visuel partagé dans l’Orient ancien
La barque en croissant transportant des corps célestes, les êtres-boucs ou taureaux hybrides, les serpents maîtres du désordre… autant de motifs que l’on retrouve dans de nombreuses traditions du Proche-Orient ancien, de l’Égypte à l’Anatolie. L’artisan du gobelet, probablement originaire du sud mésopotamien et travaillant dans une région riche en argent du nord de la Syrie ou de la Haute-Mésopotamie, s’inscrivait dans ce vaste réseau d’images communes, nourries de cosmologies partagées.
Une œuvre ouverte à l’interprétation
Malgré l’élégance de cette lecture cosmologique, l’incertitude demeure : le vase a été mal documenté au moment de sa découverte et rien ne permet de relier son décor à un texte précis. Certains chercheurs suggèrent d’autres pistes, invoquant par exemple des cycles mythiques ouest-sémitiques, et vont jusqu’à douter qu’il s’agisse d’une création du monde.
Ainsi, ce petit gobelet continue de fasciner : témoin muet, mais puissant, d’une pensée symbolique où se mêlent animaux hybrides, astres naissants et forces primordiales, il nous invite à réévaluer nos certitudes sur les mythes et les images du Proche-Orient ancien.
#HistoireAncienne #Archéologie #ProcheOrientAncien #Mythologie #ÂgeDuBronze #Cosmologie #Patrimoine #SciencesHumaines #RechercheHistorique #CultureAntique

Commentaires
Enregistrer un commentaire