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Crédit : René Cerritos Flores, CC-BY 4.0 (https://creativecommons.org/licenses/by/4.0/ ) |
La redécouverte d’un corps hors du temps
Au cœur des terres arides de Zimapán, au Mexique, des archéologues ont exhumé les restes étonnamment bien conservés d’un jeune homme ayant vécu il y a environ mille ans, à l’époque préhispanique. Baptisé Hna Hnu, ou l’homme de Zimapán, cet individu appartenait probablement à la culture otopame, un peuple semi-nomade de la Mésoamérique ancienne. Les conditions sèches de la grotte où son corps reposait ont permis une préservation exceptionnelle de ses tissus internes et de ses excréments fossilisés — un trésor inestimable pour la science moderne.
Grâce à ces vestiges, une équipe de chercheurs de l’Universidad Nacional Autónoma de México, dirigée par Santiago Rosas-Plaza, a pu extraire et analyser des fragments d’ADN bactérien, ouvrant une fenêtre inédite sur le microbiome intestinal de cet homme du passé.
Le microbiome : mémoire biologique de l’humanité
Le microbiome intestinal humain est un univers invisible, composé de milliards de micro-organismes qui interagissent avec notre organisme et influencent notre santé, notre alimentation et même notre évolution. En étudiant les microbiomes anciens, les scientifiques peuvent retracer les habitudes de vie, les régimes alimentaires et les environnements microbiens de civilisations disparues — révélant ainsi comment nos intestins ont évolué au fil des millénaires.
L’analyse du microbiome d’Hna Hnu a mis en lumière la présence de plusieurs familles bactériennes caractéristiques, telles que les Peptostreptococcaceae, Enterobacteriaceae et Enterococcaceae. De manière remarquable, les chercheurs ont également détecté une forte concentration de bactéries du genre Clostridiaceae, connues pour leur rôle dans la dégradation des tissus végétaux et d’insectes.
Encore plus surprenant : certaines espèces, comme Romboutsia hominis, communes dans l’intestin humain moderne, ont été identifiées pour la première fois dans un microbiome ancien. Ce constat suggère une continuité biologique fascinante entre les sociétés préhispaniques et l’homme contemporain.
Une sépulture empreinte de respect et de complexité
Le corps d’Hna Hnu reposait soigneusement enveloppé dans un paquet funéraire tissé avec art, signe probable de son importance au sein de sa communauté. La couche extérieure, faite de longues fibres de maguey entrelacées, formait une natte robuste. En dessous, les chercheurs ont découvert une toile de coton brun indigène, parfaitement tissée.
Selon les études menées sur la structure mathématique des nœuds du tissu, il s’agirait d’un ouvrage complexe et rituellement significatif. Depuis près d’une décennie, la restauratrice Luisa Mainauo et son équipe œuvrent à la restauration de cette pièce unique, dans l’espoir de la présenter prochainement au public mexicain et international.
Un héritage scientifique et culturel majeur
Cette découverte, publiée dans la revue PLOS ONE, marque une avancée déterminante dans la compréhension des microbiomes anciens et de leur évolution. Elle éclaire les interactions entre alimentation, environnement et santé dans les sociétés mésoaméricaines d’il y a un millénaire.
Le microbiome d’Hna Hnu ne révèle pas seulement les traces d’un régime à base de plantes et d’insectes : il raconte aussi l’histoire intime d’un homme, témoin silencieux d’un Mexique ancestral, dont l’héritage moléculaire traverse le temps pour enrichir notre compréhension de l’humain.
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