Extinction des colosses : la main de l’homme révélée par les ossements

Les espèces de la mégafaune constituaient les proies privilégiées des humains en Amérique du Sud méridionale. Crédit : Luciano Prates et al. Les reconstitutions de mégafaune figurant dans l’illustration ont été réalisées et autorisées par le projet **Megafauna 3D** (megafauna3d.org).

Quand les chasseurs préhistoriques affrontaient les colosses de glace

Une équipe d’archéologues argentins révèle que les premiers habitants d’Amérique du Sud ne se contentaient pas de chasser de modestes cervidés ou guanacos. Bien au contraire, ils semblaient privilégier des proies spectaculaires : paresseux géants, armadillos massifs et autres créatures de la mégafaune du Pléistocène.
Selon une étude publiée dans la revue Science Advances, ces animaux disparus constituaient la base alimentaire des chasseurs-cueilleurs de Patagonie et des plaines environnantes entre 13 000 et 11 600 ans avant notre ère. Ces découvertes pourraient bouleverser la compréhension de l’extinction de ces espèces monumentales.

Climat ou chasse ? Une controverse réexaminée

Jusqu’à récemment, l’explication dominante attribuait la disparition des grands mammifères de la dernière glaciation à des bouleversements climatiques, l’action humaine n’étant perçue que comme marginale. Or, l’abondance d’ossements portant des traces évidentes de découpe humaine, exhumés dans divers sites archéologiques d’Argentine, du Chili et d’Uruguay, suggère une réalité bien différente : ces géants auraient été les proies favorites, systématiquement recherchées pour leur rendement énergétique exceptionnel.

L’évidence des ossements

Les chercheurs ont analysé vingt sites datés d’avant 11 600 ans. Dans quinze d’entre eux, plus de 80 % des restes appartenaient à la mégafaune, définie comme des mammifères dépassant les 44 kg.
Les ossements portaient des incisions, témoins indéniables de pratiques de boucherie. Un modèle énergétique comparatif confirme que ces animaux représentaient des ressources de loin supérieures en calories et en matières grasses par rapport aux proies plus modestes. Il s’agissait donc d’un choix stratégique, et non d’un simple opportunisme.

L’empreinte humaine sur l’extinction

Cette prédilection pour les géants de glace renforce l’hypothèse d’une responsabilité humaine directe dans leur disparition. Lorsque la mégafaune s’éteint, les chasseurs diversifient alors leur alimentation, intégrant une faune plus variée. Ce basculement alimentaire trahit l’épuisement d’une ressource jadis centrale, soulignant l’impact de la pression de chasse exercée par nos ancêtres.

Héritage scientifique et débats actuels

L’étude repositionne ainsi l’être humain au centre de la grande controverse paléontologique : sommes-nous, davantage que le climat, les artisans de la fin des titans du Pléistocène ? Ces résultats incitent à repenser la cohabitation fragile entre l’humanité naissante et les dernières créatures colossales de notre planète.

Sources : science.org

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