Aux origines du Bénin : quand la terre dévoile la mémoire d’un empire africain

Plaque en bronze du Bénin représentant des courtisans du palais.Crédit : Les administrateurs du British Museum.

Les fouilles archéologiques menées à Benin City, au Nigeria, avant la construction du Musée des Arts de l’Afrique de l’Ouest (MOWAA), ont mis au jour des zones encore inexplorées de l’ancien palais royal du Royaume du Bénin. Ces découvertes éclairent d’un jour nouveau la richesse urbaine, culturelle et artisanale d’une civilisation précoloniale parmi les plus influentes du continent africain.

Un royaume d’art et de puissance

Capitale d’un empire prospère, Benin City rayonnait autrefois par son réseau commercial étendu à travers l’Afrique et au-delà. Sa renommée reposait en grande partie sur la maîtrise de ses artisans, auteurs des célèbres Bronzes du Bénin, chefs-d’œuvre de la métallurgie africaine.

Mais en 1897, une expédition militaire britannique détruisit et pilla le palais royal, siège de l’Oba (le roi), marquant la chute du royaume et le début d’une ère coloniale.

Redonner voix au passé à travers l’archéologie

Alors que la ville moderne de Benin poursuit son expansion, les terrains du palais historique accueillent de nouveaux projets urbains. C’est dans ce contexte qu’une collaboration entre le MOWAA, la Commission nationale des musées et monuments du Nigeria (NCMM) et le British Museum a entrepris, pour la première fois depuis un demi-siècle, des fouilles approfondies sur le site.

Leur objectif : documenter les vestiges avant toute nouvelle construction, tout en préservant le lien vital entre mémoire et modernité.

« Le développement est inévitable, mais il ne doit pas effacer la mémoire culturelle. Comprendre notre passé est une condition pour construire notre avenir », rappelle Segun Opadeji, responsable de l’archéologie au MOWAA.

Un institut au cœur du renouveau patrimonial

Par un juste retour des choses, le MOWAA Institute est lui-même en cours de construction sur ce site historique. Ce futur centre de recherche et de conservation abritera les artefacts mis au jour, tout en formant une nouvelle génération de chercheurs nigérians et ouest-africains.

« C’est rare de voir un projet archéologique donner immédiatement naissance à une institution scientifique », souligne Dr Sam Nixon, chercheur au British Museum.

Les fouilles ont révélé une stratigraphie complète retraçant l’histoire urbaine de Benin City depuis avant la fondation du royaume jusqu’à l’époque postcoloniale. Les indices d’activités artisanales, notamment la métallurgie, enrichissent la compréhension des savoir-faire ancestraux du Bénin.

Héritage, transmission et avenir

Au-delà des découvertes matérielles, ce projet constitue une avancée majeure pour la valorisation du patrimoine ouest-africain. L’équipement de pointe fourni au MOWAA et la formation des jeunes chercheurs locaux marquent une étape décisive vers une autonomie scientifique régionale.

L’initiative s’inscrit également dans un effort d’éducation et de sensibilisation auprès des communautés locales et des écoles, assurant ainsi la continuité du patrimoine dans les générations futures.

« Notre ambition est de créer un pôle d’excellence où chercheurs, étudiants et passionnés d’histoire pourront collaborer sans devoir chercher ailleurs les moyens d’analyse ou de conservation », conclut le professeur Caleb Folorunso, directeur scientifique du projet.

Une renaissance culturelle en marche

Cette entreprise archéologique illustre la reconnexion entre mémoire, recherche et développement, et consacre Benin City comme un haut lieu du patrimoine africain. Entre tradition et innovation, le passé y dialogue désormais avec l’avenir.

Sources : Cambridge

#PatrimoineAfricain #Archéologie #BeninCity #MOWAA #CultureNigériane #HistoireAfricaine #ArtAfricain #BronzesDuBénin #RechercheScientifique #MémoireCollective #ArchéologiePréventive #AfricanHeritage #WestAfricanArt

Commentaires