![]() |
Davide Tanasi et son équipe ont mis au jour un important ensemble de fragments de poterie. Crédit : Davide Tanasi |
Une découverte qui bouleverse les certitudes
Pendant longtemps, les chercheurs ont cru que les chevaux n’avaient foulé le sol sicilien qu’à partir du premier millénaire avant notre ère. Or, une étude récente dirigée par Davide Tanasi, professeur à l’Université de Floride du Sud, vient ébranler cette vision. Grâce à l’analyse de fragments de poterie retrouvés au pied du mont Polizzello, il est désormais établi que les chevaux étaient présents — et consommés — en Sicile dès le début de l’âge du Bronze, soit près de mille ans plus tôt que ce que l’on croyait.
Des fragments de poterie aux rituels communautaires
La majorité du matériel exhumé correspond à de la vaisselle de cuisine et de table : vases à pied, cruches, coupes. Ces objets témoignent non seulement de pratiques culinaires, mais aussi de rituels collectifs.
Un grand bassin sur piédestal semble avoir occupé une place centrale lors de cérémonies, probablement rempli de préparations à base de viande chevaline, possiblement un ragoût. Les participants y puisaient des portions qu’ils consommaient ensuite dans de plus petits récipients. L’ethnographie suggère que ces repas s’accompagnaient de chants, de prières et de danses, renforçant leur dimension sacrée et communautaire.
Fertilité et symbolisme
Parmi les trouvailles se distingue un grand phallus en terre cuite, indice d’un lieu rituel associé à la fécondité. Ce détail confère une dimension symbolique supplémentaire à ces pratiques, situant la consommation de viande chevaline dans un contexte où alimentation, spiritualité et fertilité se mêlaient étroitement.
La patience de la science
Bien que les fouilles aient eu lieu dès 2005, la technologie de l’époque n’était pas assez avancée pour identifier les résidus organiques incrustés dans les poteries. Ce n’est qu’en 2024, grâce aux nouvelles méthodes de protéomique, que Tanasi a pu analyser les fragments au sein du laboratoire IDEx (Institute for Digital Exploration).
Les résultats ont révélé une signature biomoléculaire claire : la présence de protéines sanguines propres aux chevaux. Ainsi, les preuves d’une alimentation fondée sur la viande équine en Sicile protohistorique sont désormais irréfutables.
Des répercussions majeures
Cette découverte dépasse le simple cadre alimentaire. Elle oblige à repenser la domestication et l’utilisation du cheval en Méditerranée, tout en éclairant d’un jour nouveau les échanges culturels, les pratiques économiques et les croyances rituelles du IIIe millénaire avant notre ère. Comme le souligne Tanasi, il s’agit d’une pièce manquante du grand puzzle de l’histoire méditerranéenne, désormais retrouvée.
#Archéologie #ÂgeDuBronze #Sicile #Chevaux #DécouverteScientifique #RituelsAncestraux #HistoireMéconnue #ScienceEtCulture
Commentaires
Enregistrer un commentaire