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Un vestige archéologique aux contours singuliers
Dans la grotte d’Arene Candide, sur la côte ligure au nord-ouest de l’Italie, une équipe internationale de chercheurs a mis au jour un témoignage exceptionnel : le crâne d’un individu du Paléolithique supérieur, daté entre 12 620 et 12 190 ans avant le présent, présentant les signes indubitables d’une modification crânienne intentionnelle.
Grâce à des analyses morphométriques de haute précision, ce spécimen, identifié sous le nom AC12, a été formellement rattaché à la catégorie dite de déformation crânienne annulaire, caractérisée par un allongement marqué de la voûte du crâne.
La transformation corporelle : une écriture culturelle sur la chair et l’os
Depuis les premières sociétés humaines, le corps fut un support d’expression, de la parure éphémère à la transformation permanente. Ces modifications dépassent la simple esthétique : elles incarnent des valeurs collectives, des croyances et des identités héritées, inscrites dans la matière même du corps.
Si tatouages et piercings s’effacent avec les tissus mous, certaines pratiques, comme l’altération volontaire des dents ou du crâne, laissent des traces durables, offrant aux archéologues une archive matérielle des codes sociaux d’antan.
L’art de modeler l’os
La modification crânienne artificielle (MCA) consiste à exercer, dès la prime enfance, une pression continue sur le crâne encore malléable. Deux formes principales sont connues :
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Tabulaire : obtenue par l’usage de planchettes rigides, aplatissement du front et de l’occiput, élargissement latéral.
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Annulaire : réalisée par ligatures souples (bandelettes, tissus serrés), produisant un allongement harmonieux de la voûte crânienne.
Cette pratique, attestée sur plusieurs continents et à travers les âges, est souvent aisément identifiable sur des crânes complets, mais peut également être révélée par des fragments étudiés via des méthodes statistiques et numériques.
Une étude à la croisée de la technologie et de l’archéologie
Pour AC12, les chercheurs ont combiné anthropologie virtuelle et morphométrie géométrique :
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Reconstruction 3D à partir de scans CT et alignement précis des fragments par algorithmes d’itération.
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Marquage de points anatomiques (landmarks) et points de surface (semilandmarks).
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Analyses statistiques avancées (Procrustes généralisée, régression logistique, analyses en composantes principales).
Les résultats placent systématiquement AC12 dans le groupe des individus à modification annulaire, avec une précision de classification allant jusqu’à 100 %.
Un message gravé dans la pierre et les os
La disposition funéraire d’AC12, placé au-dessus d’un autre individu (AC15) dans une niche de pierre, témoigne d’un rituel complexe. Fait notable, un seul autre crâne modifié a été découvert sur les cinq intacts de la nécropole, suggérant une pratique réservée à un sous-groupe particulier, peut-être porteur d’un statut ou d’un rôle symbolique transmis de génération en génération.
Portée historique
Ce crâne allongé représente la plus ancienne preuve connue en Europe d’une modification crânienne artificielle, repoussant les origines de cette coutume sur le continent au Paléolithique. Il confirme qu’il s’agissait d’un phénomène global, apparaissant indépendamment dans différentes cultures, et qu’il constituait bien plus qu’un simple choix esthétique : un langage codé, sculpté dans l’os même, pour dire l’appartenance, l’origine et la mémoire collective.
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