Des ancêtres d’Afrique de l’Ouest dans l’Angleterre du VIIᵉ siècle : une révélation génétique surprenante
Deux sépultures datant du VIIᵉ siècle, découvertes sur la côte sud de l’Angleterre, ont livré un secret inattendu : chacune contenait un individu dont un grand-parent paternel provenait vraisemblablement d’Afrique de l’Ouest. L’analyse de leur ADN, menée par une équipe pluridisciplinaire, ouvre une fenêtre nouvelle sur la mobilité humaine et les échanges culturels à l’aube du Moyen Âge anglais.
Contexte historique et migrations
L’Angleterre du haut Moyen Âge est généralement associée aux migrations venues du nord de l’Europe continentale — Angles, Saxons et Jutes — qui ont façonné l’identité culturelle et linguistique de la période anglo-saxonne. Si l’influence continentale est bien documentée, la portée des contacts avec des régions plus lointaines, notamment l’Afrique subsaharienne, restait jusqu’ici incertaine.
Les sites étudiés
Les recherches se sont concentrées sur deux cimetières du VIIᵉ siècle :
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Updown (Kent), région historiquement ouverte aux influences franques et intégrée aux réseaux royaux.
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Worth Matravers (Dorset), situé à la lisière des zones d’influence anglo-saxonne, conservant une forte identité brittonique.
Malgré leurs différences culturelles, chacun de ces sites a révélé une sépulture d’un individu à l’ascendance partiellement ouest-africaine.
Résultats génétiques
Les analyses d’ADN ancien ont montré :
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ADN mitochondrial (hérité de la mère) : origine nord-européenne.
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ADN autosomal (hérité des deux parents) : présence marquée d’ascendance ouest-africaine, apparentée aux populations actuelles Yoruba, Mende, Mandenka et Esan.
Ces résultats suggèrent que les deux individus partageaient un profil métissé, distinct du reste de la population locale, avec un grand-parent paternel issu d’Afrique de l’Ouest.
Contexte archéologique et intégration sociale
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Updown : La tombe contenait des objets de prestige, tels qu’un pot importé de Gaule franque et une cuillère évoquant une affiliation chrétienne ou des liens avec l’Empire byzantin.
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Worth Matravers : L’individu reposait auprès d’un homme d’ascendance britannique et d’une ancre en calcaire local, symbole possible d’un statut ou d’une fonction maritime.
Dans les deux cas, les rites funéraires ne révèlent aucun signe d’exclusion : ces personnes étaient pleinement intégrées à leur communauté.
Portée scientifique et historique
Cette découverte souligne que la mobilité humaine au haut Moyen Âge ne se limitait pas aux déplacements intra-européens. Des individus ayant des origines à des milliers de kilomètres étaient présents, et parfois au cœur des réseaux sociaux et politiques locaux. Cela démontre un degré de cosmopolitisme insoupçonné dans l’Angleterre du VIIᵉ siècle, et invite à reconsidérer la complexité des interactions entre l’Europe, l’Afrique et le monde méditerranéen.
Conclusion
Au-delà des objets échangés, c’est bien le mouvement des personnes que révèle l’archéogénétique. Ces deux destins, l’un enraciné au Kent, l’autre sur les rivages du Dorset, témoignent d’un passé où l’Angleterre, loin d’être isolée, était traversée par des flux humains venus de terres lointaines.
Sources : Université de Cambridge
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