Cannibalisme à El Mirador : une vérité qui dérange l’histoire

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Spécimens utilisés pour estimer l’âge au moment du décès.Crédit : *Scientific Reports* (2025). DOI : 10.1038/s41598-025-10266-w

De nouvelles analyses paléoanthropologiques viennent bouleverser notre vision du Néolithique européen. Loin de l’image paisible de communautés agricoles prospérant en harmonie, certains indices osseux révèlent un passé marqué par des tensions, des massacres… et peut-être, par l’anthropophagie.

Un site archéologique d’exception

Dans la grotte d’El Mirador, nichée au cœur des montagnes d’Atapuerca, les archéologues ont mis au jour plus de six cents fragments osseux appartenant à onze individus — hommes, femmes et enfants confondus. Datés d’environ 5 700 ans, ces restes appartiennent à la phase tardive du Néolithique et présentent un état de conservation remarquable, permettant une étude fine des traces laissées sur la surface des os.

Les indices gravés dans l’os

L’examen microscopique a révélé un tableau glaçant :

  • Entailles nettes sur soixante-neuf pièces osseuses, témoignant d’un dépeçage méthodique.

  • Marques de percussion sur des os longs, indiquant leur ouverture pour extraire la moelle.

  • Altérations thermiques, avec des surfaces translucides et des bords émoussés, signes probables d’ébullition.

Ces gestes, loin d’être improvisés, reflètent un savoir-faire technique appliqué à la chair humaine. Les chercheurs excluent la possibilité d’un acte de survie dicté par la famine, aucune preuve de disette n’ayant été relevée dans la région.

Spécimens présentant des traces de découpe. Marques de coupe (flèche blanche) sur des restes humains provenant des contextes S100 et S200.Crédit : *Scientific Reports* (2025). DOI : 10.1038/s41598-025-10266-w

Un contexte de violence intercommunautaire

Les analyses génétiques et le contexte archéologique suggèrent que ces individus appartenaient à un même groupe familial ou à une communauté étroitement liée. L’hypothèse privilégiée : un assaut mené par un groupe voisin, aboutissant à un massacre suivi d’actes de cannibalisme.
Ce scénario s’inscrit dans un cadre plus large : d’autres sites européens, notamment en Espagne, en France et en Allemagne, portent également les stigmates de violences collectives à la fin de la Préhistoire.

Révision d’un mythe

Les découvertes d’El Mirador remettent en question la vision idéalisée d’un Néolithique fondé uniquement sur l’agriculture pacifique. Elles dessinent au contraire une époque où les rivalités pour les ressources, les alliances et les représailles pouvaient déboucher sur des épisodes d’une brutalité extrême.

Sources : Nature.com

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