Sous les pierres d’Alès : les secrets enfouis d’une cité gallo-romaine

A. Farge – Inrap

Découverte exceptionnelle sur les hauteurs de l’Ermitage

Sur les pentes surplombant la ville d’Alès, dans le Gard, une équipe d’archéologues a mis au jour les vestiges remarquablement préservés d’une implantation antique d’époque romaine. Cette fouille, menée sous l’égide des autorités archéologiques nationales, s’est étendue sur près de 3 750 m² et a révélé une occupation dense et continue entre le IIᵉ et le VIᵉ siècle de notre ère.

Une demeure patricienne et ses splendeurs musivaires

Parmi les découvertes majeures figure un somptueux sol en mosaïque polychrome orné de motifs géométriques enchevêtrés en noir et blanc. Installée dans une pièce de 4,5 m sur 3,8 m appartenant à un vaste ensemble résidentiel, cette mosaïque présente des tesselles peintes de rouge violacé, de jaune profond et d’un rouge soutenu, laissant soupçonner l’usage de cinabre, un pigment minéral d’une grande rareté et d’une valeur notable à l’époque.

L’environnement architectural laisse penser qu’il s’agissait d’une pièce de réception, sans doute rattachée à une domus, résidence citadine luxueuse typique des élites gallo-romaines. Des zones carrelées de blanc pourraient avoir abrité des niches ou soutenu du mobilier. Un encadrement de croix blanches sur fond noir semble marquer l’accès à une autre pièce, renforçant l’idée d’un agencement raffiné.

Évolution de l’habitat et ingénierie hydraulique

L’étude des couches d’occupation montre une évolution dans les aménagements intérieurs. D’abord pourvue de sols en terre battue, l’habitation fut progressivement améliorée par des dallages en béton de chaux, agrémentés dans certaines zones de mosaïques.

Les ingénieurs antiques ne furent pas en reste, comme en témoigne un ingénieux système de gestion des eaux pluviales. Un conduit d’évacuation constitué de fragments d’amphores imbriqués permettait d’écouler l’eau des toitures à distance des fondations, signe d’un souci poussé de préservation du bâti.

Architecture troglodyte et pratiques funéraires tardo-antiques

En d’autres points du site, les archéologues ont mis au jour quatre habitations partiellement creusées dans le substrat calcaire. Leurs parois, enduites d’argile, formaient une barrière naturelle contre l’humidité. Un réseau de drains en tuiles canalisait l’eau excédentaire, démontrant une parfaite maîtrise des contraintes du terrain.

Enfin, dans la partie méridionale de la zone explorée, un modeste cimetière daté entre le milieu du Ve siècle et la fin du VIe siècle a été identifié. Dix sépultures orientées vers l’ouest, vraisemblablement occupées par des défunts inhumés en cercueils de bois, témoignent d’une continuité des pratiques funéraires jusque dans l’Antiquité tardive. Deux tombes isolées à proximité pourraient indiquer une persistance discrète de l’usage du lieu à une époque ultérieure.

Sources : INRAP

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