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Une découverte au cœur des dunes de gypse
Au cœur des dunes spectrales de White Sands, au Nouveau-Mexique – un paysage sculpté par des mers disparues et aujourd’hui partagé entre un parc national et un champ de tir militaire – une révélation inattendue a bouleversé notre compréhension des premières présences humaines sur le continent américain. Ce décor étrange, fait de gypse blanc et mouvant, abritait un secret enfoui sous ses strates minérales : des empreintes humaines figées dans le temps.
En 2012, le professeur émérite Vance Holliday, spécialiste en géoarchéologie à l’Université de l’Arizona, fut invité à participer à une étude géologique dans la région. Sa curiosité l’amena jusqu’à une zone peu accessible, sur un secteur militaire, où il put analyser des couches stratigraphiques déjà ouvertes par des collègues. Il ignorait alors qu’à quelques dizaines de mètres seulement, un autre chapitre de l’histoire humaine reposait, encore dissimulé sous les sédiments.
Une datation qui bouleverse les paradigmes
Ce n’est qu’en 2019 que des chercheurs britanniques de l’Université de Bournemouth, en collaboration avec le National Park Service des États-Unis, mirent au jour ces empreintes, dont l’étude fut publiée en 2021. Grâce aux données de Holliday recueillies des années plus tôt, ils purent dater ces traces de pas entre 21 000 et 23 000 ans – bien avant l’apparition supposée des premières cultures nord-américaines, telles que celle de Clovis, dont les vestiges remontent à environ 13 000 ans.
Cette datation radicalement plus ancienne suscita une controverse immédiate. De nombreux spécialistes remirent en cause la fiabilité des éléments utilisés pour établir l’âge des empreintes – notamment les graines et pollens extraits du sol.
Une troisième preuve indépendante : la boue ancienne
Pour répondre à ces critiques, une nouvelle étude, dirigée cette fois par Holliday lui-même, a été publiée dans Science Advances en 2025. Elle repose sur l’analyse radiocarbone de fragments de boue issus des anciens lits lacustres de White Sands. Les résultats convergent : entre 20 700 et 22 400 ans pour la couche contenant les empreintes – en parfaite cohérence avec les deux précédentes méthodes de datation.
Cette fois, trois matériaux différents (graines, pollens, boue), examinés dans trois laboratoires distincts, livrent une chronologie stable. Au total, 55 datations concordantes renforcent la robustesse du scénario proposé.
"C’est une cohérence remarquable", affirme Holliday. "Il serait statistiquement improbable que toutes ces analyses convergent par hasard vers une même période erronée."
Un paysage ancien, une humanité discrète
Il y a des millénaires, la région de White Sands n’était pas un désert mais une série de lacs peu profonds. Le vent et l’évaporation les ont lentement transformés en un désert de gypse. Les empreintes ont été retrouvées dans les sédiments d’un ruisseau qui alimentait l’un de ces lacs disparus.
Holliday, accompagné du doctorant Jason Windingstad, a mené de nouvelles fouilles sur place en 2022 et 2023, creusant davantage les lits lacustres pour mieux comprendre leur chronologie. Windingstad, géoarchéologue de formation, témoigne d’un bouleversement personnel :
"Quand on voit ces empreintes, on réalise à quel point elles contredisent tout ce que nous pensions savoir sur l’arrivée des humains en Amérique."
L’absence d’artefacts : un mystère compréhensible
Un questionnement demeure : pourquoi ces premiers humains n’ont-ils laissé ni outils ni traces de campement ? Pour Holliday, la réponse réside dans la nature même de ces populations nomades :
"Ces groupes vivaient avec peu, dans une logique de mobilité. Laisser un artefact signifiait risquer de perdre un outil irremplaçable. Il est tout à fait plausible que ces traces aient été laissées lors d’un simple passage, en quelques secondes à peine."
Une certitude qui s’affirme
Fort de ces nouvelles preuves, Holliday affirme avec confiance :
"Je n’ai jamais réellement douté. Les données initiales étaient déjà solides. Mais aujourd’hui, nous avons une abondance de données indépendantes et cohérentes issues du terrain."
Une page de l’histoire humaine réécrite
Cette recherche constitue un jalon majeur dans l’étude des premières migrations humaines vers les Amériques. Elle suggère que des communautés humaines ont foulé ces terres bien avant ce que l’archéologie conventionnelle avait admis jusqu’ici.
Sources : University of Arizona
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