- Obtenir le lien
- X
- Autres applications
- Obtenir le lien
- X
- Autres applications
📚 Recevez GRATUITEMENT
« La Guerre des Gaules illustrée »
en vous abonnant à la newsletter
![]() |
| Moulin à huile d’olive HR Begar 1. Crédit : Université Ca’ Foscari de Venise. |
Dans les steppes élevées de la région de Kasserine, au pied du massif du Jebel Semmama, une mission archéologique internationale codirigée par l’Université Ca’ Foscari de Venise met en lumière des vestiges d’une ampleur exceptionnelle. Là où s’élevait autrefois la cité romaine de Cillium, tout près de l’actuelle frontière algérienne, les chercheurs ont mis au jour des installations monumentales dédiées à la production d’huile d’olive, dont un torcularium identifié comme le deuxième plus vaste moulin à huile de tout l’Empire romain.
Depuis 2025, le professeur Luigi Sperti—figure éminente du Centre d’Études d’Archéologie de Venise—participe à l’exploration de deux anciennes exploitations oléicoles. Ces domaines prospéraient dans un environnement rude mais propice : un climat continental contrasté, des pluies rares collectées dans des citernes, et des plateaux ouverts où l’olivier, pilier économique de l’Afrique romaine, trouvait une terre d’élection. Pendant plusieurs siècles, la Tunisie fut en effet l’un des plus grands greniers à huile de Rome.
Une frontière vivante entre Rome et les peuples numides
Cette zone autrefois fréquentée par les Musulamii, populations d’origine numide, formait un territoire de contacts, de transactions et parfois de tensions entre soldats coloniaux, autorités romaines et habitants autochtones. Les structures dégagées témoignent d’une activité continue du IIIᵉ au VIᵉ siècle après J.-C., révélant l’importance stratégique et économique de ces fermes frontalières.
Henchir el Begar : un domaine agricole majeur de l’Antiquité
Au cœur de ces recherches se trouve Henchir el Begar, identifié comme l’ancien Saltus Beguensis. Au IIᵉ siècle, ce vaste domaine rural appartenait au vir clarissimus Lucillius Africanus. Une inscription latine célèbre, datée de 138, évoque l’autorisation sénatoriale d’y instaurer un marché bimensuel, signe d’une vie sociale et religieuse dynamique.
Le site, d’environ 33 hectares, se divise en deux complexes principaux — Hr Begar 1 et Hr Begar 2 — chacun doté de pressoirs à huile, bassins de collecte et citernes massives.
![]() |
| Crédit : Université Ca’ Foscari de Venise |
Des installations industrielles d’une ampleur rare
-
Hr Begar 1 abrite le plus imposant moulin à huile romain connu en Tunisie, également le deuxième plus vaste de tout l’Empire. Ce torcularium monumental comptait douze presses à levier.
-
Hr Begar 2 présente un second complexe, doté cette fois de huit presses similaires.
L’abondance de meules et de moulins souligne une économie agricole mixte : céréales et oléiculture se combinaient pour assurer la prospérité du domaine.
Les prospections géophysiques, fondées sur un radar pénétrant le sol, ont révélé un réseau dense d’habitations et de voies internes, preuve d’une organisation rurale élaborée.
Un projet scientifique international exemplaire
La mission est l’aboutissement d’un partenariat fructueux initié en 2023 par les professeures Samira Sehili (Université de La Manouba, Tunisie) et Fabiola Salcedo Garcés (Université Complutense de Madrid). Depuis 2025, Ca' Foscari en assure la codirection avec l’appui du ministère italien des Affaires étrangères. Ce cadre favorise une synergie unique entre chercheurs tunisiens, espagnols et italiens, au service de l’archéologie de la production — un champ en plein essor qui éclaire l’économie méditerranéenne antique.
Objets et vestiges : traces d’un passé stratifié
Parmi les niveaux datés de l’époque byzantine à l’époque moderne, les fouilles ont livré :
-
un bracelet orné en cuivre et laiton,
-
un projectile en calcaire blanc,
-
des fragments sculptés, dont une pièce de pressoir romaine remployée dans un mur byzantin.
Autant de témoins d’un paysage rural constamment réinvesti à travers les siècles.
Une fenêtre inédite sur l’économie de l’Afrique romaine
Selon le professeur Sperti, ces travaux « offrent une compréhension nouvelle des dynamiques agricoles et socio-économiques des marges africaines de l’Empire ».
L’huile d’olive, produit central de la vie romaine — pour la cuisine, les soins corporels, le sport, la médecine, et même l’éclairage — constituait un pilier de la culture matérielle antique. Étudier sa production à une telle échelle permet d’articuler recherche scientifique, valorisation patrimoniale et réflexion sur le développement économique contemporain.
#Archéologie #TunisieAntique #HistoireRomaine #Oléiculture #PatrimoineMondial #RechercheScientifique #ArchaeologyLovers #MediterraneanHistory #CaFoscari #DécouvertesArchéologiques #HistoireEtArchéologie #InstagramCulture #FacebookCulture


Commentaires
Enregistrer un commentaire